Cap sur la prise en compte du genre dans la planification et la budgétisation au niveau local.
La salle de conférence de la Commission des Droits de l’Homme et des Libertés(CNDHL) a servi de cadre le 21 octobre 2020 à Yaoundé à un atelier d’enrichissement du « guide de planification et de budgétisation sensibles au genre pour les autorités locales au Cameroun ».
La séance de réflexion de ce jour est placée sous la houlette de la présidente de l’association Protège QV Sylvie Siyam, avec le soutien technique du ministère de la décentralisation et du développement local(Minddevel), du ministère de la promotion de la femme et de la famille(Minproff), du ministère de l’économie, de la planification et de l’aménagement du territoire(Minepat) et des Communes et Villes Unies du Cameroun(CVUC). Présent également à cet atelier de réflexion, le maire adjoint au maire de la mairie de Yaoundé 6, Virginie Ngah, le délégué départemental du Minddevel, le PRADEC, le maire honoraire de Bana Kamanda germain et les membres de la société civile.
Le mot de bienvenue a été prononcé par Madame le Professeur Atangana Malongue membre de la Commission, représentant le Président de la Commission des Droits de l’Homme et des Libertés, appréciant l’initiative et rappelant les efforts que mène la Commission dans la promotion et protection des droits au Cameroun.
De la présentation faite lors des termes de référence par la présidente de l’association protège QV l’on retient que «La budgétisation favorable à l’égalité des sexes seraient un atout qui devrait permettre au Cameroun d’aller plus vite dans l’atteinte de l’ODD (objectif de développement durable) N°5 en faveur des femmes et des filles. Afin de l’atteindre, le gouvernement prévoit des actions de renforcement des capacités des élus locaux. En croisant ces deux aspects, protège QV a voulu contribuer aux efforts du gouvernement avec l’appui d’une organisation africaine qui milite pour les droits de la femme (Women Human Wright) en s’engageant dans l’élaboration d’un guide de planification et de budgétisation sensibles au genre pour les autorités locales du Cameroun. Il existe déjà un guide de planification locale et régionale qui avait été fait par le Minepat. Mais celui que nous voulons faire est comme un ajout a celui-là pour expliquer aux élus locaux, comment ils peuvent tout en respectant le processus de planification mis en place par le Minepat, intégrer le genre dans la planification ».
Apres ces propos, place a été faite à l’exposé de Etoundi Noah Mekongo, Cadre représentant de la CNDHL, sur le thème, « La Commission Nationale des Droits de l’Homme et des Libertés et la promotion de L’ODD N°5 sur l’égalité des sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et des filles ». De cet expose, l’on retient que l’objectif est de parvenir à l’égalité des sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et les filles ; mettre fin partout dans le monde a toutes formes de discrimination à l’égard des femmes et des filles, à cet effet, la CNDHL dénonce des cas de discrimination à l’égard des femmes et des filles dans un Rapport sur l’état des Droits de l’homme au Cameroun (…), collabore avec les autorités compétentes en vue de l’arrestation des auteurs de ces violations ainsi que la réparation des victimes. Aussi, la mise en œuvre des cibles de l’ODD au niveau local peut se faire à partir de certaines actions, notamment : la promotion et l’animation des activités sportives et de jeunesse ; la création des établissements publics locaux à caractère social ; l’établissement des actes d’états civils…
Ensuite s’en est suivi l’exposé de Mrs Vivian Jioy Kendemeh, sous-directrice de la promotion genre au Minproff sur le thème, « La présentation du politique national genre du Cameroun ». Pour y parvenir des actions doivent êtres mener entres autres : le renforcement des actions destinées à l’élimination des gaps entre filles et garçons dans le domaine scolaire a tous les niveaux et à la scolarisation non-discriminatoire des filles et des garçons ; réduire de 35% à 10% le taux d’analphabétisme et d’illettrisme des femmes ; favoriser leur accès au TIC ; porter de 40,2% à 28,7% le taux de pauvreté des femmes ; développer la formation politique et citoyenne des femmes et développer un partenariat actif avec les partis politiques nationaux pour une meilleure participation des femmes à la vie politique. Ensuite s’en est suivi l’exposé de Mlle Lionelle Tchingoua, membre de protège QV sur le thème, « Généralités sur la prise en compte du genre au niveau local. » Enfin, l’on a suivi avec attention l’expose de Madame Sylvie Siyam présidente de PROTEGE QV sur le thème « Planifier, mobiliser, budgétiser en intégrant le genre. »
Myriam Djamen
Atelier d’enrichissement du « guide de planification et de budgétisation sensibles au genre pour les autorités locales au Cameroun »
Voici les recommandations des travaux de groupe
Dans l’optique de produire un guide conséquent, trois groupes de travail ont été constitués avec à la clé des recommandations formulées par ceux-ci. S’agissant du premier groupe de travail qui avait pour thème « planification en intégrant le genre », une seule recommandation a été formulée, il s’agit d’intégrer dans l’approche genre l’aspect socio-culturel et religieux afin de prendre en compte les spécificités locales.
Pour le second groupe de travail dont le thème est « Programmer en intégrant le genre », ces derniers ont souhaité que les exécutifs locaux prennent en compte les propositions qui sont faites dans le draft du guide et qu’elles puissent mettre à la disposition de l’équipe technique des moyens financiers. Le troisième groupe qui avait pour thème, « Budgétiser en intégrant le genre », à suggérer d’adopter une formulation plus simple facilement compréhensible par le camerounais lambda ; équilibrer les actions avec les résultats attendus.
Comme recommandations générales, l’on retient qu’à l’échelle nationale, les séminaires de renforcement de capacités des élus locaux doivent être élaborés par le gouvernement, qui doit également prévoir un poste d’expert genre au sein de l’organigramme des communes.
A l’issue de cette atelier, la modératrice du jour par ailleurs chef cellule de la coopération au Minddvel, Madame Bilo’o épse Dzou Lucienne Thamar se réjoui de cette initiative. « Je félicite l’initiative précise par l’association protège QV pour pouvoir apporter un soutien au travers d’un guide aux élus locaux de pouvoir s’arrimer aux exigences internationales et nationales en ce qui concerne le budget des communes a l’approche genre. Je me réjouis aussi de la qualité des échanges, des idées, des propositions et des recommandations. Je souhaite que ce guide voit le jour et que le renforcement des capacités soit implémenter pour qu’enfin le processus de décentralisation qui est porté par le Minddevel soit réellement mis en branle, pour que le citoyen lambda sente qu’il est la priorité de la politique de développement du Président de la République. »
Myriam Djamen
REACTIONS
Sylvie Siyam, présidente de l’association Protège QV
« Nous devrions nous attendre à ce que quand un maire veut collecter les besoins des populations dans une approche de diagnostic, qu’il distingue les besoins des femmes des besoins des hommes. »
Cet atelier permet d’enrichir un travail qui est déjà en cours. Arrivé à une certaine étape de l’élaboration du guide, nous avons pensé qu’il était opportun de rassembler les acteurs qui auront à intervenir dans la mise en œuvre et de l’utilisation de ce guide. Le guide vise à expliquer aux autorités locales, comment intégrer le genre dans la planification, la programmation, la budgétisation et le suivi évaluation au niveau local. Intégrer le genre c’est prendre en compte les spécificités, les besoins et les attentes des femmes et des hommes et des autres composantes sociales. Au cours de l’atelier, les maires ont relevé qu’il ne fallait pas seulement élaborer des guides, mais qu’il fallait d’abord les outiller , les sensibiliser à accepter déjà le fait qu’il faut intégrer le genre mais aussi a comment intégrer, parce que ce n’est pas juste sur la base de leur volonté, c’est des exigences auxquelles le Cameroun a souscris, comme l’ODD N°5 qui est dans l’agenda 2030 des Nations Unies qui impose d’intégrer les préoccupations des femmes et des hommes dans tous les programmes, les projets et des politiques qui sont mises en œuvres au niveau central et au niveau local. Nous devrions nous attendre à ce que quand un maire veut collecter les besoins des populations dans une approche de diagnostic, qu’il distingue les besoins des femmes des besoins des hommes. Qu’il distingue aussi la contribution des femmes à celle des hommes. Un maire à la responsabilité d’implémenter le développement local, s’il fait un diagnostic sans avoir pris de manière précise les besoins, les problèmes de chaque groupe, ça veut dire que les solutions auxquelles il parviendra ne seront pas forcement efficace, elles auront des effets, des impacts sur certains groupes mais pas sur d’autres.
Ngah Virginie, 2è adjoint au maire de la commune d’arrondissement de Yaoundé 6
« Nous devons tenir compte des besoins spécifiques de tous les genres. »
En participant à cet atelier nous avons compris que les choses évoluent positivement dans le sens de la prise en compte du genre, et que dorénavant nous allons devoir faire avec cette donne-là. C’est-à-dire que lorsque nous élaborons nos plans de campagne, nos budgets, nous devons tenir compte des besoins spécifiques de tous les genres. Dorénavant, nous allons nous arrimer à la volonté gouvernementale qui voudrait que le genre soit pris en compte dans les actions que nous menons sur le terrain. La première des choses à faire à partir de demain, vu que nous avons déjà le budget 2021 en préparation, il est question d’examiner tous sur l’axe de l’approche genre, et cela va nous permettre d’être plus efficace et utile pour nos populations.